Etape N°2 du processus de fabrication
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Le jus ou vesou qui sort de la canne, au fur et à mesure que celle-ci est pressée par les cylindres, tombe dans une sorte de bassine plate ou de gouttière formée par le fond même de la plaque d’assise du moulin, d’où partent deux gros tuyaux qui, en se prolongeant à droite et à gauche, le déversent successivement et directement dans les chaudières dites de défécation : on évite de cette sorte le contact de l’air qui développe rapidement des ferments nuisibles.


La défécation, comme on le sait, a pour but d’enlever, à l’aide de la chaux ; une grande partie des matières étrangères qu’il contient .
Selon les observations de M. Payen, il est facile de comprendre l’action de cet agent: « La chaux sature les acides libres qui se trouvent dans le jus; elle se combine aussi à une matière gommeuse, à l’albumine, à une substance azotée soluble, et forme avec tous ces corps des composés insolubles. Elle élimine de la même manière la caséine, les matières grasses et les matières colorantes; elle décompose les sels à base d’ammoniaque, de potasse et de soude, fait volatiliser la première de ces bases, et laisse les deux autres s’unir au sucre dans le jus. »
« L’excès de chaux se combine également avec le sucre et forme du sucrate de chaux. Les substances insolubles, telles que les débris de cellules, etc., sont entraînées dans les écumes par le réseau que forme principalement l'albuminate de chaux, qui opère une véritable clarification. »

Les chaudières à déféquer, au nombre de quatre, se composent chacune, comme le montre la section verticale d’une partie cylindrique en cuivre dont la base prend la forme d’une, calotte sphérique également en cuivre, et boulonnée avec un second fond inférieur , qui peut être en fonte ou en tôle suffisamment épaisse pour résister à la pression de la vapeur.
Au centre même de ce double fond est appliquée une grosse tubulure j qui sert à évacuer les jus déféqués, et qui, à cet effet, porte un fort robinet k dont la clef est percée de façon à permettre de faire communiquer la tubulure et par conséquent la chaudière, soit avec le tuyau de droite qui conduit les jus directement à la batterie Gimart, soit avec le tube de gauche , qui verse dans une bassine ou cuvette placée ou-dessous les résidus provenant de l’opération.
On voit par la que MM. Brissonneau ont un peu modifié l’assemblage de la tubulure avec le double fond. Au lieu de deux embases ménagées à celle-ci, comme dans la fig. 4, il n’y en a qu’une ; mais on a fait venir de fonte avec la calotte extérieure une forte nervure circulaire formant une sorte de cuvette, qui sert d’assise à l’embase de la tubulure avec laquelle on pince et on rive la calotte intérieure F, et au- dessous on rapporté à vis un écrou à bride qui reçoit le robinet de vidange ft. Ce mode de construction est très-simple et en même temps très-solide.

La vapeur qui doit chauffer le double fond arrive des générateurs par un tuyau latéral qui, dans l'origine, se terminait par un simple robinet placé près de la chaudière. Aujourd'hui les constructeurs remplacent ce robinet par un système à soupape (...), comme étant plus commode à manœuvrer. C'est une soupape à lanterne reposant sur un siège en cuivre alésé, et munie d'une tige verticale qui traverse une boîte à étoupe, et au-dessus un écrou fileté. A l'aide de la petite manivelle qui termine cette tige, on soulève ou on baisse la soupape pour ouvrir ou fermer l'introduction.
Vers la partie inférieure de la calotte en fonte , est ménagée une tubulure à laquelle s'applique le siège d'une petite soupape conique dite soupape de purge, et un petit tube latéral n', pour donner issue à la vapeur condensée. Un robinet o, adapté vers le haut du double fond, sert à donner issue à l'air.
Au-dessus de la tubulure centrale , on a rapporté un tuyau vertical , qui s'élève jusqu'au bord supérieur de la chaudière, et qui, composé de deux pièces, est élargi à quelque distance du fond pour recevoir la chaux que l'on y verse par le haut. Plusieurs orifices rectangulaires sont pratiqués latéralement vers la partie inférieure pour établir la communication avec le liquide contenu dans l'appareil, et que l'on veut déféquer. Selon M. Payen, la quantité de chaux employée pour la défécation du jus de canne est beaucoup moindre que celle nécessitée par le jus de "betterave. Il estime que pour ce dernier, on emploie, dans les premiers jours de la fabrication, 3 kilogrammes de chaux environ pour 1,000 litres de jus, mais pendant la durée et à la fin de la campagne, cette quantité peut s'élever à 6, 8 et même 10 pour 1,000.

Comme la défécation est l'une des opérations les plus délicates et les plus essentielles dans la fabrication du sucre, plusieurs habiles chimistes se sont occupés de rechercher les moyens de la rendre la plus efficace, et en même temps la plus régulière et la plus économique possible. Nous aurons à faire connaître prochainement à ce sujet les procédés récents qui ont été proposés, et qui, Rappliquant aussi bien au sucre de betterave qu'au sucre de canne, ont fait l'objet de brevets d'invention demandés non-seulement en France, mais encore en Europe et dans toutes les colonies (…)